samedi 20 juin 2009

Etudier l'ésotérisme I

L'étude de l'ésotérisme est pleine d'enseignements. Les théories ésotériques sont révélatrices de traits de l'esprit humain à s'égarer en usant de son intellect et de sa faculté à croire et à rechercher des gourous.

On peut ainsi noter quelques dimensions de la démarche ésotérique qui portent de nombreux enseignements sur le monde.

  1. L'étude de l'ésotérisme montre les défauts de l'intellect humain qui, lorsqu'il se gonfle d'une théorie, en oublie la réalité de ce qui est.
  2. L'ésotérisme met en perspective les relations entre humains comme des relations hiérarchisées, dans lesquelles le savoir ésotérique caractérise une certaine classe d'humains, postulés supérieurs. L'étude de ces hiérarchies intellectuelles peut apporter beaucoup dans la compréhension des mécanismes d'autorité dans la société, notamment l'autorité basée sur le savoir de quelque nature qu'il soit.
  3. La perspective ésotérique a une tendance à déformer le regard sur les choses, à pervertir ce regard en donnant un sens interprété à certains phénomènes. Dans ce rapport de l'ésotériste au monde, nous pouvons apprendre tout le danger de l'interprétation intellectuelle de ce qui est au travers de canevas de pensée. Dans une perspective ésotérique, les choses se voient mieux, sans doute parce qu'elles sont plus outrées, plus manifestes que dans la vie courante où la société peut avoir légitimé certaines démarches perverses.
  4. L'ésotérisme cultive le secret, ou le savoir non immédiat en vue d'une récompense. Ce pattern est, bien sûr, celui de la société, mais encore une fois, il est plus facile de voir les choses quand nous sommes extérieurs à elles.
  5. L'ésotérisme montre comment depuis des faits partagés et des raisonnements licites, on peut arriver à de fausses conclusions sur le monde. La perspective ésotérique n'est pas imbécile, ni forcément entièrement fausse, mais elle fait une confiance trop grande à la pensée. En cela, nous pouvons voir les mécanismes des idéologies licites et illicites prodiguées par la société.

lundi 1 juin 2009

XXXVIII. La vérité

La vérité n'est pas saisissable, elle n'est pas maîtrisable, elle vient quand on ne l'attend pas mais elle fuit quand on la cherche, elle est non intellectualisable car elle se suffit à elle-même, elle est inexprimable car les mots la déforme, elle est changeante toujours, toujours neuve, elle est beauté renouvellée, elle est dans l'instant, comme un éclair, on ne peut la commenter, la noter, l'écrire, la faire partager, elle est le souffle de la vision de ce qui est, elle est délicate, évanescente, subtile.

Guénon et la notion de tradition II

Il y a deux ans, j'écrivais sur René Guénon. La notion de tradition qu'il vantait m'a toujours un peu mis à l'aise sans que je ne sache vraiment pourquoi. J'y vois plus clair aujourd'hui.

Ce qui est fondamentalement gênant dans les traditions religieuses est leur approche basée uniquement sur le passé. Si, comme le proclame les différentes formes de monothéisme, il n'y a plus de prophètes aujourd'hui et il n'y en aura plus demain, c'est donc que nous sommes dans une voie différente de celle des humaines d'avant qui avaient des prophètes auprès d'eux. En un sens, la vie que eux vivaient auprès des hommes saints, nous sommes obligés de nous la représenter aujourd'hui à partir de textes millénaires.

Cette situation est inacceptable, car elle est fausse.

L'homme et la femme d'aujourd'hui peuvent vivre autrement que par les livres, les poussières des savants d'autrefois. Il en revient à chacun de nous de s'interroger si connaître la vie n'est pas le but de la vie. Or cette vie, nous passons notre temps à la fuire. C'est pourquoi nous avons si peur de la mort.

Prenons Guénon. Ce dernier ne fait que nous donner une image du conditionnement social de son époque. En rupture avec une tradition (catholique), il entre dans une autres tradition (islamique). Ce rebond, ce rejet, n'est pas sain dans ma mesure où il remplace un conditionnement par un autre sans pour autant que la structure même du conditionnement ait été comprise. Le rejet d'un conditionnement et l'adoption d'un autre rend l'esprit plus conditionné encore car il l'est d'une double façon : par le refus du premier conditionnement et par l'acception du second.

Guénon en reste amer, revendicatif, revanchard, critique, acerbe, il reste le Guénon bien connu, en guerre contre ceux qui ne partagent pas sa vision de la vérité. On ne peut entrer en religion dans cet état ou alors, on se ment. Mais Guénon vit de livres, d'idées, de pensées mortes, à tel point qu'il ne parvient à comprendre que ce qui le mine et motive ses actes, ce sont des opinions haineuses et méprisantes. Comment, en étant habité de ces sentiments, peut-on prétendre à découvrir la vérité ?

XXXVII.

Croyant ou athée, là n'est pas la question. L'homme religieux n'est ni croyant, ni athée. Il est au présent.

XXXVI. Se méfier des livres

Il est facile d'avoir des pensées de seconde main. La pensée, de par sa structure même, est recyclage du passé, des expériences, de l'éducation, de la tradition, etc. La pensée aime à se nourrir de livres, mais ce ne sont là que des pensées de seconde main.

Ces pensées ne servent au final à rien, sinon à avoir un discours social, à avoir une opinion. Mais il existe une différence entre avoir une opinion trouvée dans un livre et voir les choses telles qu'elles sont. En effet, voir les choses telles qu'elles sont est la vérité tandis qu'avoir une opinion est une illusion.

Il faut être méfiant à propos des écrits des autres, être extrêmement attentif. Car les livres disent tout et le contraire de tout sur des sujets qui ne touchent pas à la vérité. Les mots des livres viennent du passé et sont le plus souvent emprunts d'idéologie. Ces mots n'ont aucune importance et ne mènent nulle part.

Une chose importante à réaliser est que l'on apprend rien dans les livres - rien. On thésaurise un savoir qui n'est pas la vérité. Apprendre, c'est voir, c'est comprendre depuis cette vision pénétrante, ce n'est pas endosser les idées de X ou de Y. Apprendre, c'est savoir pourquoi certaines questions sont importantes pour nous et quelles sont ces questions. C'est aussi savoir quelles questions nous sont suggérées et pourquoi ces questions n'ont pas de sens.

XXXV.

Faire les choses sans attendre en retour, mais sans même penser à ne pas attendre quelque chose en retour.