dimanche 31 mai 2009

XXXIV.

J'ai creusé les représentations en cherchant à en trouver qui ne représentent pas, ou plutôt, qui représentent quelque chose qui n'est représentable pour l'esprit humain, car trop complexe : une marche au dessus, une complexité qui rende caduque l'esprit.

Mais ce n'est pas la bonne voie. C'est une chimère, je le sais. L'esprit aime à poursuivre des chimère pour être dans le devenir et non dans le présent.

samedi 30 mai 2009

XXXIII.

Un problème quotidien : l'énervement vient du constat chez l'autre d'un acte déplacé, c'est-à-dire non en adéquation avec ce qui est. Pourtant, dans cette prise de conscience de l'acte de l'autre, il y a prise de conscience de mon acte qui est déplacé aussi, car en non adéquation avec ce qui est.

L'esprit est dans ce cas perdu, confus, car le juste acte n'est pas visible.

XXXII.

Il faut se méfier de ne point trop attribuer à nos impulsions inconscientes plus de valeur qu'elles n'en ont. Car elles ne reflètent souvent, que d'une manière plus crue, le climat de notre conscient.

jeudi 28 mai 2009

XXXI.

L'intellect est un ventre qui ne demande qu'à être nourri pour broyer encore et encore les aliments que la société lui propose. Arrêter l'intellect, c'est la révolution.

mardi 26 mai 2009

XXX.

La connaissance de soi est le grand extase du présent. Car, comme il n'y a rien à connaître en soi, on découvre les choses qui sont.

XXIX.

N'aspirer à rien, c'est encore aspirer à. Comment faire disparaître le mot lui-même ?

XXVIII.

Quand la pensée scande le négatif, ou elle se fait l'écho de la douleur du corps, ou elle provoque la douleur de l'esprit. Dans tous les cas, elle présente à la conscience un état différent de ce qui est.

XXVII.

Je commence à rencontrer je. Je range mes livres.

lundi 25 mai 2009

XXVI.

Pour assumer nos actes, encore faudrait-il que nous en prissions conscience. Mais nous préférons refouler. Une fois les chose refoulées, nous sommes si loin de l'intérieur...

XXV.

Le grand vide dans moi, je le meuble par la peur, par l'ego. Car je suis la peur. Je suis l'ego. Mais sous l'ego, je n'est rien. C'est bien ce qui fait peur à je.

XXIV.

Les doctrines vont par pair : l'un dit une chose, l'autre refuse et dit le contraire. Mais tous les deux sont dans la même croyance. Celui qui refuse est encore plus conditionné que celui qui accepte dans la mesure où sa pensée fait cohabiter sa position de refus comme une positivité alors qu'elle est une négativité.

Que d'énergie perdue.

XXIII.

Le temps est si dense... Mais à courir après lui, on ne le sent jamais dans toute sa densité. C'est parce que notre vide intérieur nous fait peur.

XXII.

Nous sommes les objets de nos attachements.

XXI.

On parle de conscient et d'inconscient, mais parfois, nous ne voulons simplement pas voir. Nous refoulons ce qui nous dérange voilà tout. Et derrière tout cela se cache la peur.

dimanche 24 mai 2009

XX.

Lorsque, dans la relation que nous avons une personne, quelque attente est déçue, nous pouvons voir le prix de l'attachement. Nous avons un comportement qui est, au fond, absurde dans la mesure où nous tentons de ne prendre que les bons côtés. Or, derrière ces bons côté de la vie se cache le plaisir et derrière lui le désir, la volonté, l'ego. Dès que notre désir est satisfait, nous avons un instant de joie fugace. Cette fugacité, c'est l'esprit courant après d'autres désirs, c'est le plaisir de l'instant que la pensée transforme en une expérience qu'il "faut" revivre. Or, le désir va avec le déplaisir. On ne peut pas l'en séparer. Une attente déçue est un déplaisir. Nous aurions aimé que ce qui est soit différent.

On ne peut jouer sans cesse à remplir les désirs des autres, car nous sommes alors l'objet du plus grand tyran chez la personne qui nous fait face : son désir. Comme le nôtre, il est inconstant, changeant, et capricieux.

XIX.

Un moment de joie.

XVIII.

J'ai eu tant d'éclairs de vision pénétrante et pourtant, j'ai l'impression de n'en avoir rien gardé.
Ma pensée a créé une expérience de ce fait de n'en avoir rien gardé, afin de me montrer que ces éclairs de vision pénétrante ne servaient à rien puisque je n'en pouvais rien thésauriser.

Même quand on est décidé à la faire taire, la pensée revient, consciemment ou inconsciemment, avec notre conditionnement.

Il est donc une vigilance de tous les instants que de s'apercevoir de cette constante volonté de l'ego de tout récupérer à son propre bénéfice.

XVII.

Ai surpris très récemment comment la pensée associe un fait à ce qui n'y est pas connecté. Cet état de représentation trompe et cache la vérité du fait.

Il en est de même pour la recherche de solutions. Rechercher une solution est une évasion à la vision du problème dans ce qu'il est. Si je vois le problème dans ce qu'il est, alors je n'ai plus besoin de chercher de solution.

D'une manière générale, "chercher" n'est pas la bonne approche. Il faut cultiver la vision dans l'instant.

samedi 23 mai 2009

XVI.

Tant de pseudo-maîtres spirituels cultivent leur ego. Car le fait de lutter contre l'ego cultive l'ego.

XV.

La plupart d'entre nous sommes rongés par l'ambition, l'envie de devenir quelque chose. Ceux qui ne le sont pas font semblant d'avoir abdiqué, mais ils ont transformé cette envie en quelque chose d'autre. L'ambition reste là, tapie, sournoise, présente, mais elle vise une chose que les autres ne visent pas.

Seul celui qui vit dans le présent n'ambitionne rien, mais ce genre de personnes est d'une rareté extrême. Car il ne faut pas croire que la recherche religieuse, la recherche d'un sens à la vie, ne soit pas une forme viciée de l'ambition. La recherche artistique est, elle aussi, une forme d'ambition.

L'ambition est fille de l'ego, et l'ego est le produit de la pensée et du temps. L'ambition, c'est se projeter dans le temps, c'est être dans le devenir, c'est regarder le passé pour envisager un futur plus glorieux, que ce futur soit fait de réputation, d'argent, de biens matériels ou de recherche spirituelle.

Vivre dans le présent, c'est voir que tout cela n'est que chimère et que conventions sociales, que conditionnement.

XIV.

Je surprends ma pensée à vagabonder. Quand je m'en aperçois, elle disparaît brièvement avant de représenter à nouveau ce que je viens de vivre comme une expérience. Pendant un instant, le vide était là, avant que le mot vide ne vienne se superposer au vide réel

mercredi 20 mai 2009

XIII.

Examinons un exemple de choix se présentant à la pensée. La pensée est réaction face à un stimulus extérieur. Il me semble voir deux types de personnes dans un certain cadre : celles qui ne vont plus apprendre à partir d'un certain âge et celles qui vont continuer d'apprendre. Suivant dans quelle catégorie je me trouve (au niveau de la représentation interne de moi-même), je vais critiquer les uns et soutenir les autres.

Ce choix est typique d'une illusion. Si nous le regardons avec attention, nous voyons que ce choix évoque en nous la trace du passé, donc notre conditionnement. Au travers de ce conditionnement, nous jugeons. Mais si nous regardons les faits de ce qui est. Il semble être un fait que ceux qui n'apprennent pas tous les jours ont l'esprit qui semble se figer; ils nous semblent moins adaptables. Ceux qui apprennent tous les jours se chargent chaque jour un peu plus de la pensée des autres.

Comment donc établir un jugement sur ces faits ? Selon ma manière de regarder, de représenter les choses, je vais trouver les choses tantôt ceci ou tantôt cela.

Il est donc évident que le fait de choisir n'est pas le problème. Choisir c'est juger au regard de notre ego et du passé. S'il n'y a pas d'ego, il n'y a pas de choix, il n'y a que l'acte. Le choix est une illusion qui fortifie l'ego.

XII.

Nous ne pouvons lutter contre l'ego au moyen de l'effort, car la structure même de l'effort renforce l'ego. Existe-t-il un moyen de lutter contre l'ego sans renforcer l'ego ? Lutter n'est pas un bon mot. Car dans la lutte, il y a le lutteur et l'objet contre lequel il lutte. Il y a dissociation du moi, il y a donc l'ego. En fait, cette dissociation est une séparation artificielle que l'esprit se joue à lui-même. Il tente de faire semblant d'être un observateur et un observé. Mais il est en fait un.

Ce que nous pouvons apprendre du concept de lutte tel qu'il nous apparaît est que si nous sommes erronément habitués à lutter contre nous même, à lutter dans le devenir, à lutter pour transformer ce qui est en ce que nous voudrions que les choses soient, nous voyons que la lutte intérieure se reflète en lutte extérieure. Le monde extérieur est lutte continuelle, tout comme l'est notre monde intérieur sous l'impulsion de l'ego.

Il faut donc observer l'ego, le moi, sans le juger, sans le justifier, sans le condamner, le regarder dans son ensemble comme un fait qui est. C'est dans cette attention que l'ego se tait.

XI.

D'aucuns "gèrent" leur talent artistique. C'est un contre-sens. L'état créatif est un état présent. Dès lors que l'on gère des idées comme d'autres possessions matérielles, on est dans le domaine de l'intellect, dans le domaine de la thésaurisation, de l'expérience, du passé, des choses mortes. D'une certaine façon, cette façon de faire est le signe indubitable d'un raidissement du moi, d'une glaciation du moi, d'une paralysie du moi. Cet état du moi est le signe par définition d'un état non créatif, cela étant dit au sens propre du terme. Dès lors que l'ego se complaît dans son lui-même, il est dans le passé, dans le connu. Or le connu ne peut être que répétition et non création.

La connaissance de soi apporte l'état créatif. Il ne faut donc pas confondre état créatif et gestion agréable de la copie. Avec l'inflation du moi, avec le renforcement du moi,l'état créatif est perdu. L'état créatif n'est que captation du présent, de ce qui est.

X.

Si l'on veut être, on n'est rien. Si l'on est ouvert au sentiment de n'être rien, on est. Bien sûr, dès que l'on veut devenir, on n'est plus.

mardi 19 mai 2009

IX.

La base de la mécanique du désir est une routine. Il serait bien de voir si nous pouvons en sortir.

VIII.

La mécanique du désir est basée sur un objet qui nous procure une sensation. De fait, nous recherchons cette sensation sur la base de ce qui a été expérimenté et enregistré par la mémoire. Le désir est donc basé sur le passé avec pour but de restaurer une sensation. Son objet est divers et changeant.

VII.

Vu ce matin : mon conflit intérieur est le conflit du monde. Aussitôt vu, la pensée passe à autre chose et fait fuir la nervosité. Durant ce mouvement, il y a une période de blanc, comme si toute pensée cessait durant un temps.

lundi 18 mai 2009

VI.

Notre culture vante les efforts. Mais qu'est-ce qu'apporte l'effort ? L'effort est un moyen que nous avons pour tendre vers un but. L'effort est fils de la volonté, et la volonté est fille du désir. Je veux avoir cette chose, je veux être quelqu'un, je voudrais devenir célèbre, je voudrais écrire un livre, etc. Je mets en œuvre ma volonté dans le but de satisfaire mon désir. Mon arriver à mes fins, ma volonté implique un effort de ma part. Je vais donc me contraindre. Le désir implique donc la contrainte. Bien entendu, je vais rêver d'accomplir mon désir et d'y trouver mon plaisir. Si je réussis, mon plaisir ne durera qu'un temps et je serai de nouveau insatisfait. Si j'échoue, je serai malheureux de ne pas obtenir la fruit de mon désir.

La réalité est que je ne peux m'accommoder de ce qui est et qu'il me faut quelque chose de plus.

V.

C'est drôle. Nous savons que penser à un problème ne le résout pas. En fait, nous savons que penser à un problème n'a jamais résolu aucun problème, et pourtant, nous nous évertuons à y penser, comme si nous allions trouver la solution. Après bien des efforts, nous avons une soit-disant solution. Puis, nous croisons un ami qui nous éclaire et tout notre effort se trouve réduit à néant. le problème est donc bien la pensée, ainsi que l'effort.

IV.

J'ai toujours pensé que nous ne savions pas penser. En fait, le problème est plus profond : ce n'est pas que nous ne savons penser, mais penser ne suffit pas. Tout ce qui est issu de la pensée est inférence depuis des influences ou des expériences passées. Il y a donc un véritable piège de l'intellect dans lui-même. Ce piège, c'est le moi.

III.

Le désir ne dure jamais, tout comme le plaisir. Pourquoi rêvons-nous d'un plaisir qui ne finit jamais ?

II.

J'ai tellement écrit. En fait, "je" a tellement écrit. Mais je est du passé. Et combien je me sens loin de ces mots maintenant.

La rencontre avec le moi mais sans le moi. J'ai toujours su que mon moi n'était qu'illusion. Il était trop circonstanciel, trop prévisible, trop intellectuel, trop plein du passé de l'expérience, trop plein de connu. A force de trop tourner dedans, j'ai blâmé le monde, sans comprendre que le monde était moi ou plutôt que le monde était une projection de moi-même en moi-même. Le monde me semblait petit, trop humain dans le sens égotique du terme. Mais je ne regardais que moi...

dimanche 17 mai 2009

I.

Ai vu au détour d'un blog comment l'ego se ment spirituellement. Cela m'a fait une certaine peine. Mon ego a ressenti du mépris.