lundi 1 juin 2009

Guénon et la notion de tradition II

Il y a deux ans, j'écrivais sur René Guénon. La notion de tradition qu'il vantait m'a toujours un peu mis à l'aise sans que je ne sache vraiment pourquoi. J'y vois plus clair aujourd'hui.

Ce qui est fondamentalement gênant dans les traditions religieuses est leur approche basée uniquement sur le passé. Si, comme le proclame les différentes formes de monothéisme, il n'y a plus de prophètes aujourd'hui et il n'y en aura plus demain, c'est donc que nous sommes dans une voie différente de celle des humaines d'avant qui avaient des prophètes auprès d'eux. En un sens, la vie que eux vivaient auprès des hommes saints, nous sommes obligés de nous la représenter aujourd'hui à partir de textes millénaires.

Cette situation est inacceptable, car elle est fausse.

L'homme et la femme d'aujourd'hui peuvent vivre autrement que par les livres, les poussières des savants d'autrefois. Il en revient à chacun de nous de s'interroger si connaître la vie n'est pas le but de la vie. Or cette vie, nous passons notre temps à la fuire. C'est pourquoi nous avons si peur de la mort.

Prenons Guénon. Ce dernier ne fait que nous donner une image du conditionnement social de son époque. En rupture avec une tradition (catholique), il entre dans une autres tradition (islamique). Ce rebond, ce rejet, n'est pas sain dans ma mesure où il remplace un conditionnement par un autre sans pour autant que la structure même du conditionnement ait été comprise. Le rejet d'un conditionnement et l'adoption d'un autre rend l'esprit plus conditionné encore car il l'est d'une double façon : par le refus du premier conditionnement et par l'acception du second.

Guénon en reste amer, revendicatif, revanchard, critique, acerbe, il reste le Guénon bien connu, en guerre contre ceux qui ne partagent pas sa vision de la vérité. On ne peut entrer en religion dans cet état ou alors, on se ment. Mais Guénon vit de livres, d'idées, de pensées mortes, à tel point qu'il ne parvient à comprendre que ce qui le mine et motive ses actes, ce sont des opinions haineuses et méprisantes. Comment, en étant habité de ces sentiments, peut-on prétendre à découvrir la vérité ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ravie de lire "un avis contraire" à René Guénon !!ses écrits ne rapportent rien aux chercheurs de la vérité ,et il n'a aucune sainteté car ses livres sont dépourvus de goût spirituel.

1001nuits a dit…

Oui, c'est malheureux mais Guénon n'est pas spirituel... Etrange que l'inconscient collectif en ait fait un tel symbole. Même chez les occultistes, il y eut plus humain et plus inspiré.