mercredi 17 janvier 2007

A propos d'Alice Bailey 3

Citons un passage de Extériorisation de la hiérarchie (1957) sur Hitler, Staline et les autres dictateurs...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je trouve cette lecture d'Alice Bailey, parmi d'autres, plutôt réductrice et simpliste.
Il y a des mots qui n'ont plus la même résonnance ni le même sens, parfois, que dans les années 40, et encore mois retirés du contexte de l'ouvrage, bien que les extraits reproduits soient conséquents (attention, car vous n'êtes plus dans le simple droit de citation mais peut-être dans la reproduction de textes sous copyright pour laquelle une autorisation des ayants droits est nécessaire).
La vision donnée du peuple juif n'est dans ce texte pas spécialement négative, et la vision de Hitler est reconnue comme néfaste en plusieurs endroits. Ce qui est relevé, c'est la puissance de ce souffle qui s'est abattu sur l'Europe et qui a eu des répercussions sur le monde, et l'Asie en particulier. On sent cela 50 ans plus tard. La vision de la chute des frontières est réelle en un sens.
On peut bien sûr contester et s'insurger sur la proportion de gens déportés de confession juive ou non, mais ça n'est ni une posture, ni étonnant avec le recul (on est au sortir de la guerre, et la vision qu'a le monde des atrocités commises dans les camps n'est que parcellaire).
Je ne suis pas d'accord sur les amalgames entre New age et considérations antisémites. Il y a des antisémites un peu partout et ça n'est pas constitutif du New Age, même si certains mouvements véhiculent cela.
La puissance des textes d'Alice Bailey est bien là, nonobstant on pourra toujours y dégoter des contradictions, des approximations et des erreurs.
Le décryptage des symboles, la vision de l'évolution de l'âme (mais si on ne croit pas au principe de réincarnation, on a peu de chances d'apprécier...), la théorie des rayons, certaines visions de l'évolution du monde... Des textes comme les Travaux d'Hercule ou Psychologie ésotérique sont passionnants.
Merci d'autre part pour le lien sur l'étude "scientifique" que je vais lire rapidement.

Anonyme a dit…

Il faut d'abord faire la part des choses : ne pas confondre anti-SIONISME et anti-SEMITISME. Ce que dit Alice Bailey (enfin, le Maître Tibétain, mais passons...), non pas en 1957 mais avant 1949 (puisque... elle est décédée en 1949) - c'est précisément ce que disaient et disent encore les partisans de l'anti-sionisme (parmi les Juifs y compris). Le problème, c'est que l'anti-sionisme a tendance à déboucher sur un anti-sémitisme, et cela est très dommageable. Pourtant, l'anti-sionisme (qui, à l'origine, est un mouvement juif laïque) est une position tout à fait défendable. Notamment sur le fait qu'Israël a été fondée sur une terre en fonction de critères religieux (la notion de "Terre Promise"), en dépossédant d'autres peuples (les Palestiniens). Or, le Tibétain met en garde l'Humanité pour les problèmes que cela occasionnera par le futur (car, il le répète tout au long de ses ouvrages : le peuple Juif est le peuple symbolique de l'Humanité ; il représente l'Humanité à la fois dans ses faiblesses mais aussi dans sa grandeur, il ne faut pas l'oublier). Il met en garde de ce désir de possession matérielle d'un territoire avalisé par les nations occidentales, par sentiment de culpabilité vis-à-vis des Juifs (où le courant sioniste était minoritaire avant la fondation d'Israël, il faut le rappeler, cela a son importance ; même chez les Juifs ultra-conservateurs qui considéraient que fonder Israël était remettre en question le principe même religion et métaphysique de la Diaspora millénaire).

Or, que voyons-nous, si nous prenons un peu de recul sur ces 60 dernières années ? Que le conflit israëlo-palestinien a été au coeur de la quasi-totalité des conflits internationaux et de l'émergence des mouvements terroristes intégristes musulmans : l'expropriation palestinienne injuste a été un excellent motif (et en même temps un excellent alibi) pour enrôler les foules contre l'Occident, complice de la fondation de l'état d'Israël.

Ceci dit, je le rappelle, il n'est pas question ici de faire le procès des Juifs, ni finalement du Sionisme, mais seulement de souligner que, d'une part, ce qui concerne le peuple Juif est métaphysiquement symbolique de l'Humanité dans son ensemble, et que, d'autre part, la construction d'Israël était un "test" pour voir si l'Humanité allait apprendre de ses erreurs.

Pour l'instant, le moins qu'on puisse dire, c'est que le test a (encore une fois) était un échec.

Mais, comme le souligne le Tibétain, cela pourra finalement amener un Bien pour l'Humanité (parce que, pour rebondir sur ton idée que la doctrine d'Alice Bailey est un manichéisme, ce n'est fondamentalement pas le cas puisqu'elle explique que tout Mal est en fait - in fine, dans ses effets - un Bien, même si le Bien aurait pu être choisi et érigé plus rapidement mais de façon plus "coûteuse" pour le petit égoïsme).

Ceci me permet de rebondir sur ce que tu soulignes à propos d'Hitler et de Staline. J'ajoute ainsi un commentaire au commentaire précédent : n'oublions pas que ces lignes ont été écrites pendant et/ou juste après la Seconde Guerre Mondiale (on n'avait pas le recul que l'on a aujourd'hui sur ces événements). Mais il faut tout de même préciser que les Hitler et Staline ont réformé leurs pays... mais de manière imparfaite, déformée et mauvaise ! Parce qu'ainsi sont les Hommes. L'idée que développe le Tibétain est la suivante : il existe une "impulsion" première initiée par la Hiérarchie (et/ou par ce qu'il appelle Shamballah). Cette impulsion répond à une nécessité spécifique et est pure dans son essence. Puis, une personnalité particulière (un homme) se saisit de cette impulsion, s'en nourrit et fait les choses à sa manière. Il applique donc les principes de l'impulsion, mais - y mêlant son mental et ses imperfections, sa petitesse, des faiblesses, etc. - le résultat est imparfait (même si l'impulsion est "passée"). Le Tibétain explique que si l'application de l'impulsion était "transparente" (et respectait la pureté de l'impulsion), il n'y aurait pas de Karma créé ; mais comme toujours dans le cas où des Hommes agissent, un Karma se crée. Dans le cas d'Hitler et de Staline, inutile de faire un dessin...

Les dictateurs sont ainsi des réformateurs là où il y avait nécessité de réformer... sauf qu'ils ont fait du mal (important) à cause de leurs personnalités humaines. Un exemple de "dictature presque réussie" est sans doute celle d'Ataturk (Mustafa Kemal) qui a profondément réformé son pays, l'a modernisé, l'a fait quitter la sclérose du sultanat, a introduit la République (en se fondant sur les idéaux des Lumières), etc. Mais "presque" réussi seulement parce que, d'une part, il a massacré les Arméniens (même si, il faut le préciser, ils étaient mandatés, en bons chrétiens, par les puissances européennes, pour affaiblir l'Empire Ottoman) et, d'autre part, sa dictature démocratico-républicaine a débouché sur un culte de la personnalité. Mais les résultats sont là aujourd'hui : la Turquie est l'un des rares états musulmans laïques, modernisé, qui pourra sans doute entrer dans l'Union Européenne dans quelques années.

L'optique d'Alice Bailey est de prendre du recul vis-à-vis des événements. De ne pas sombrer dans la sensiblerie ou la démagogie mais dans la prise de distance, le détachement (typiquement bouddhiste) pour s'intéresser aux CAUSES derrière les apparences des PHENOMENES. Le but de ces réflexions sur la politique internationale est de souligner combien les affaires des Hommes sont conditionnées par des Puissances extérieures... même si l'application, la forme, les modalités et la mesure de l'utilisation de ces Puissances sera du stricte fait du libre-arbitre humain.

Pour information, aux trois "Rayons" fondamentaux dont parle Alice Bailey correspondent - politiquement - trois régimes politiques : le 1er Rayon (la Volonté, le Pouvoir) : l'autoritarisme ; le 2nd Rayon (l'Amour-Sagesse) : le socialisme / communisme ; le 3ème Rayon (l'Intelligence Active) : la démocratie.

Or, le Tibétain est explicite à ce sujet : la Hiérarchie des Maîtres a pris le partie des forces de la démocratie car elles sont les seules qui pourront permettre à l'Humanité d'évoluer le plus sereinement à l'avenir parce que l'Humanité n'est pas prête à appliquer le 1er Rayon et le 2ème Rayon correctement (les seules formes politiques qu'elle parvient à animer à partir de ces deux énergies sont deux formes de dictatures ; la dictature de la force et la dictature de l'altruisme).

Il me semble que, 60 ans plus tard, à l'heure où seule la démocratie est le régime politique qui s'est imposé comme le standard ultime de l'accomplissement politique - période qui a vu la chute du Communisme et la critique véhémente du Totalitarisme, qu'il soit nazi ou stalinien - semble donner raison à ce que disait le Tibétain à ce sujet.

Enfin, un dernier point, au sujet de Robert Hermann : sa lecture est tronquée et sortie d'un contexte. Il n'a sélectionné que les passages qui alimentaient sa thèse sans chercher, ni à aller plus loin, ni à présenter les citations qui venaient contredire ses interprétations. Toi, à l'inverse, tu as eu l'intelligence de les fournir également, ce dont je te remercie.

1001nuits a dit…

Je trouve décidément bien étrange votre façon de penser.

Pour anonyme : je ne suis pas convaincu. Je n'ai pas vu Papus faire des leçons de politique ésotérique et parler des juifs de cette manière caricaturale. Le terme même "les juifs" ne veut rien dire, tout comme le terme "les musulmans" ne veut rien dire ou "les français". Dès que l'on généralise, on dit de grosses bêtises et j'ai l'impression que Bailey en raconte des bêtises...

Pour Urobore : toujours les mêmes raisonnements très high level (voir mes deux autres commentaires). Je connais la différence entre anti-sionisme et antisémitisme, merci ;-) mais quand je lis Bailey, désolé, mais je ne vois pas d'anti sionisme, mais de l'antisémitisme...

Ta tirade sur Hitler et Staline me laisse perplexe et cela me rappelle des positionnements froids et cyniques sur le monde et la real politik comme on la nomme. Je comprends ces visions, mais franchement, nous sommes aux antipodes de la spiritualité : nous sommes en matérialité profonde ; pouvoir, divination, politique, intérêts humains, notions diffuses de "progrès", où est la spiritualité là-dedans ?

Bailey fait de la politique ésotérique, un autre genre de divination court terme, très prisé par certains régimes comme les nazis (voir "Le matin des magiciens" de Pauwels et Bergier). Je trouve que nous sommes à des années lumière de la spiritualité et de la pierre philosophale. Si cela vous excite, tant mieux. Moi, je trouve cela très louche et franchement, je ne suis ni séduit par la puissance des idées de Bailey/du thibétain, ni par une spiritualité que que je ne sens pas chez cette femme.