lundi 26 février 2007

Géologie de soi

Le soi est géologique, comme un terrain. On le fouille comme un archéologue, en commençant par les couches récentes et en creusant dans les couches les plus anciennes. C'est ce que j'ai fait ces dernières années.

Récemment, j'ai atteint certaines couches profondes qui expliquent mon rapport au monde, des couches traumatiques liées à une certaine tendance à l'autodestruction. Ce qui est drôle, c'est que je comprends désormais comment cette tendance peut exister chez les gens, que cela soit visible ou pas, qu'elle s'exprime ou pas. La tendance à l'autodestruction est comme une peur intérieure, irrationnelle, présente. Combler un vide est par exemple une des formes que peut prendre cette peur. Combler un vide d'amour...

Je connais des personnes qui ont cette tendance à l'autodestruction même s'ils pensent qu'ils ont évité tous les pièges "classiques" de l'auto-destruction, comme l'alcool ou la drogue. Ils sont socialement corrects mais ont cette tendance en eux, cette peur qui les stérilise d'une certaine façon. Est-il bien certain qu'ils y gagnent ? Car, si l'alcoolique sait qu'il est alcoolique, eux ne savent pas qu'ils ont cette tendance ; au contraire, ils ont tout fait pour se convaincre du contraire. Or, cet équilibre, loin d'en être un, est un déséquilibre structurel basé sur l'illusion. Et l'illusion se brise un jour, quand on devient vieux et que l'on a plus assez de force pour la maintenir.

J'ai accepté ce vide intérieur, j'ai accepté de reconsidérer toutes ces relations avec le monde et avec moi-même. Certes, c'est dur, éprouvant, fatigant, déprimant parfois. Mais la vue sur soi est comme une loupe : elle grossit les choses. Il faut donc prendre du recul quand on se regarde (je souris parce que Sartre a beaucoup bloqué sur ce problème, il a même tenté de le conceptualiser d'une façon que je n'ai jamais trouvé très convaincante). Quand on voit le vide intérieur, il faut voir d'où il vient et qui était censé le "remplir". En voyant ceux-là dans leur vérité, on peut passer à autre chose.

Des strates sur des strates. Voilà ce que nous sommes. Et seule la Vérité est notre guide.

Aucun commentaire: