samedi 17 février 2007

La stagnation

Je ne pense pas avoir stagné ces dernières années ; mais j'ai longtemps stagné, avant. C'est pourquoi, je me retiens souvent de critiquer les gens qui stagnent, peut-être parce que je me rends compte de plus en plus que je stagnais moi aussi sans trop m'en apercevoir. Ce n'est pas tant la stagnation que je condamne chez eux que l'aspect irrémédiable de leur condition qui m'a longtemps posé un problème. La foi seule peut faire comprendre cet état irrémédiable.

J'ai toujours tenté de ne pas stagner, de voir des choses nouvelles, de penser différemment, non des autres mais de moi-même, d'apprendre des autres, même de ceux que l'on me désignait comme des ennemis ou des "méchants". J'aime comprendre les gens et si ces derniers se trompent, j'aime comprendre pourquoi ils se trompent, car leurs raisonnements peuvent apprendre des choses. C'est pourquoi je n'aime pas les idées pré-conçues, les classifications, les boîtes dans lesquelles on range les gens pour mieux se justifier la haine des autres.

Je viens de retourner sur le blog d'une lointaine connaissance de mon passé : stagnation est le maître mot, c'en est un peu pathétique. Lui qui refuse d'être étiqueté "homo", qui refuse cette étiquette réductrice et caricaturale, se complaît encore et toujours dans l'étiquetage politiquement correct, bien de gauche, crachant sur les archétypes de gens qu'il déteste. Etiquettes et boîtes en tout genre ; le temps passe mais rien ne change. Je me souviens de lui disant qu'il avait conclu que son homosexualité était "de naissance" avec l'avis positif de sa mère, une psy... Etrange, ce support maternel, pour qui connaît la psychanalyse. Le titre de ses entrées commence toujours par "l'art de...", bien maigre subterfuge intellectuel pour justifier, par l'artifice esthétique, ses haines de la différence et de tout ce qui est politiquement incorrect. Je remercie Dieu souvent de ne pas avoir ce genre d'ego.

L'autre exemple de stagnation est pour moi un exemple familial proche, qui s'est toujours érigé en maître moralisateur, lui qui n'a jamais rien vécu. Du haut de sa petite vision du monde dans lequel il est roi, il joua avec moi durant des années au Caliméro en m'accusant de tous ses problèmes. Plusieurs fois, je vis clair dans son jeu, le lui dit brutalement. Mais je revenais systématiquement en me mettant en cause, croyant que j'avais dû me tromper. A chaque fois, il en profitait pour réitérer ses calomnies, ses visions fausses de la réalité, ses projections et ses haines légitimées par une gangue de morale socialement correcte exsangue. A chaque fois, je repartais un peu plus dégoûté. Jusqu'au moment des adieux. Dieu sait que j'en ai fait des efforts, mais qu'au final, l'imbécile était probablement moi : je ne voyais pas ce qui crevait les yeux.

Pour ces deux êtres, je pense que dans dix ans, si je les rencontrais à nouveau, je les découvrirais tels qu'ils sont aujourd'hui : fats, prétentieux, obtus, gouvernés par l'immédiateté des désirs de leur nafs, moralisateurs, bien-pensants, satisfaits en apparence, très à cheval sur l'image sociale. La stagnation a des chances pour eux d'être le meilleur des sorts possibles, car quand on stagne, la vieillesse apporte l'aigreur, cette aigreur qui commence déjà à les ronger de manière visible, comme une rouille sur le coeur, lentement mais sûrement. Irrémédiablement. Que Dieu me protège de cette rouille !

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