samedi 17 février 2007

Lire avec le coeur

Je commence à lire avec le coeur et à voir des sous-entendus dans certaines représentations.

Prenons cette citation de Martin Luther King :
Il peut y avoir conflit entre hommes de religion à l'esprit fragile et hommes de science à l'esprit ferme, mais non point entre science et religion. Leurs mondes respectifs sont distincts et leurs méthodes différentes. La science recherche, la religion interprète. La science donne à l'homme une connaissance qui est puissance ; la religion donne à l'homme une sagesse qui est contrôle. La science s'occupe des faits, la religion s'occupe des valeurs. Ce ne sont pas deux rivales. Elles sont complémentaires. La science empêche la religion de sombrer dans l'irrationalisme impotent et l'obscurantisme paralysant. La religion retient la science de s'embourber dans le matérialisme suranné et le nihilisme moral.

Au delà des qualités manifestes de la description de la complémentarité de la science et de la religion, la vision de la religion est étrangement non mystique dans cet énoncé et mise sur le même plan que la science matérialiste. Nous sommes donc dans un modèle anti-spirituel très américain dans le fond : la religion et la science sont deux disciplines placées sur le même niveau.

Or, théologiquement, cela est parfaitement faux. La Science, c'est la science religieuse de laquelle découlent les sciences qui ne peuvent exister que dans un référentiel religieux, car elles n'ont de sens que dans ce référentiel (notons que les sciences américaines vouent un culte au Veau d'Or). Les sciences mathématiques, physiques et naturelles ne sont que des outils au service d'une idée qui doit être la connaissance de Dieu.

Les idées sous-jacentes à cette comparaison entre science et religion est l'égalité de poids moral entre les deux "disciplines", alors que les sciences sont des disciplines, mais la religion est composée de disciplines auxquelles on ajoute l'expérience, le vécu, la valeur humaine. La vision de Martin Luther King est donc une vision très matérialiste de la religion, une vision au final assez doctrinaire, assez intellectuelle.

Je ne suis donc pas totalement d'accord avec lui, même si je trouve que le message est positif pour réconcilier scientifiques athées (basiques) et croyants (basiques). Mais c'est encore de la doctrine. Et c'est un message qui dégrade l'essence de la religion et donc a aussi le mauvais côté de nuire à la compréhension de la religion. D'où la nécessité d'une lecture ésotérique.

C'est, d'une manière générale, ce que je reproche un peu à la chrétienté : d'avoir permis, cautionné et encouragé la dégradation de l'idée de religion par la déshumanisation progressive de la liturgie et par un oubli de l'histoire (naissance de la philosophie depuis la question de prouver l'existence de Dieu, vaste sujet d'ailleurs) et un oubli de l'expérience personnelle de Dieu.

L'islam est, en ce sens, nettement plus pur.

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